LA RESTAURATION D’UN SIÈGE: TOUTES LES ÉTAPES
Le travail que constitue la fabrication d’une garniture traditionnelle de siège – tout comme l’artisan qui l’exécute, le tapissier – est plutôt mal connus du grand publique, surtout dans ses pratiques « traditionnelles » . Ces techniques issus d’un savoir-faire ancestral tend malheureusement à disparaitre au profit de l’usage de la mousse. Technicité et minutie sont en effets demandées pour ce travail fastidieux: il existe ainsi 15 étapes différentes dans la création d’une « simple » assise à ressort garnies de manière traditionnelle (en crin et à ressorts).
Des matières naturelles… et beaucoup de savoir-faire
Un fût (ou carcasse) constitué de bois, des sangles de jutes, des ficelles de lin, des toiles de jutes et de cotons, du crin d’origine végétal (fibre de noix de coco ou palmier nain marocain) et animale (crin), sangle de jutes et ressorts en acier constituaient autrefois la garnitures des sièges. Des matière naturelles, donc et encore souvent d’origine française. Il n’existe plus manufactures françaises de crin, la dernière ayant fermée en 2008. Les tapissiers dit « traditionnels » utilisent pourtant encore du crin, au fond de leur atelier. Voilà comment est constituée une assise de siège à ressorts garnis en crin de manière traditionnelle.
Parmi les différentes types de garnitures dites à épaisseurs la » traditionnelle » que vous verrez ici est sans doute la plus rependue.
Il existe 2 types de garnitures piquées dites » à épaisseur » : traditionnelle ou à l’ancienne.
La garniture à épaisseure est dites « traditionnelle » lorsqu’elle contient des ressorts guindés.
Elle est dite « à l’ancienne » lorsqu’elle ne contient pas de ressorts (sangle sur traverse). Ces 2 types de garnitures sont celles que vous trouverez sur les assises de très nombreux fauteuils de styles tel que les cabriolets Louis Philippe ou style Louis XV, Louis XV, les fauteuils Voltaires, les fauteuils crapauds et beaucoup de chaises plus ou moins anciennes… Zoom sur les étapes de la réalisation d’une garniture à épaisseur traditionnelle
15 étapes pour la restauration traditionnelle d’une assise à ressorts…
Dégarnissage etc… avant de commencer à tapisser
Avant de retapisser un siège il convient de le dégarnir, entièrement ou partiellement. Il faut souvent recoller quelques assemblages ainsi que s’assurer de la bonne fixation ds taquets pour si besoin les refixer (ou les créer). On peut aussi opérer à un nettoyage des bois du fauteuil ou lui faire subir un gommage afin de lui ôter peinture et vieux vernis. Le fauteuil ne partira chez l’ebeniste qu’en cas de réparation spécifique comme pour un pied cassé ou une greffe de traverse.
Il faut donc bien souvent opérer à un recollage des assemblages du fauteuil mais aussi au nettoyage de sa patine / peinture, parfois une nouvelle peinture ou une reprise de teinte (ou de vernis) est faite. On repère ensuite les milieux utiles sans oublier de vérifier la solidité des taquets qui serviront de support de fixation des toiles par la suite. Un chanfrein doit être fait ou améliorer afin d’anticiper la fixation des futurs toiles d’embourrures qui servent à emballer la garniture.
Le sanglage, plancher du siège
Dans le cas d’une réfection traditionnelle, le tapissier utilise toujours des
sangles en jute qui sont de petite ou de grande largeur (8 cm) en fonction de la nature du siège.
Elles sont entrelacées de manière à constituer un damier et fixées avec de grosses semences rempliées vers l’extérieur, de manière à protéger la sangle du frottement de la tête de la semence.
Couture des ressorts sur les sangles
Le positionnement, la pose et la fixation des ressorts constituent l’étape suivante. On commence par positionner et coudre les ressorts au plancher, sur les sangles.
Le guindage des ressorts
Du guindage et des ressorts dépendent la suspension d’une assise.
Guinder, c’est l’action de contraindre les ressorts en place par un système de cordes. Les ressorts sont maintenus à la position voulue par l’action de cordes nouées selon un système de nœuds spécifiques: nœuds plats et nœuds de cabestan en l’occurrence.
Le guindage des ressorts se fait sur tout type de siège comme des chaises et des fauteuils et varie en fonction de leur nature. Le guindage semi suspendu par exemple est un guindage spécifique qui ne s’effectue que sur la devanture d’un siège. C’est le type de guindage adéquat sur de gros fauteuils confortables comme le fameux fauteuil Club.
La pose de la toile forte et la couture des ressorts
Le tapissier vient alors poser une toile en jute sur les ressorts. Puis il vient coudre le haut des ressorts sur cette toile qui les recouvre.
Couture des ressorts sur la toile forte
La mise en forme du crin végétal: les lacets
Des lacets de ficelle passés dans la toile forte permet de maintenir le crin en place. Ce crin végétal est de deux origines: d’une variété spécifique de palmier nain poussant principalement au Maroc ou issu de l’enveloppe fibreuse entourant les noix de coco.
La mise en crin
La mise en crin est l’étape qui consiste à garnir un siège (ou une tête de lit) selon
les techniques traditionnelles de la tapisserie. On commence par insérer des poignées de crin cardé travers de lacets effectués au préalable sur une toile de jute forte fixées sur la surface à garnir. Bien souvent le crin utilisé est un crin végétal bien que le crin animal soit tout aussi indiqué. Plus onéreux, le crin animal possède l’avantage d’être imputrescible et offre un confort supérieur, car plus souple et plus élastique.
Emballage de la garniture
Une autre toile de jute appelée toile d’embourrure vient emballer le crin. Elle est fixé en place temporairement à l’aide de grandes semences qui seront enlevées ultérieurement: ce sont des « appoints ».
Passage du point de fond
Puis l’on opère le point de fond. Il consiste à piquer la garniture de part en part à l’aide d’un grand carrelet droit afin de maintenir le crin et la garniture en place. Indispensable, il permet aussi de régler la densité et la forme finale de cette dernière.
Fixation définitive de la garniture
Une fois le point de fond passé il est temps de couper la toile d’embourrure et de la mettre dans sa forme et position définitive à l’aide d’appoints: semences (clous de tapissier) enfoncée de manières non définitive pour permettre la mise en place des toiles.
Après avoir était pré-rabattue sur le champfrein il est temps de fixer définitivement la toile.La toile d’embourrure est alors définitivement clouée au bois. Le rabattage d’une garniture consiste à emballer le crin dans une toile de jute (toile d’embourrure) selon la forme et la densité voulues. Le rabattage au fil suppose une parfaite mise en place de la toile d’embourrure (droit fil). Le chanfrein est le détail indispensable qui nous permet de rabattre la toile en jute sur le bois des fauteuils sans créer de surépaisseur et en toute facilité.
Le piquage de la garniture
La garniture est ensuite piquée sur ses côtés à l’aide de carrelets. Les carrelets sont de grosses aiguilles courbes de taille variables. Le piquage s’effectue généralement en 3 points , le dernier étant celui servant à former le bourrelet aux extrémités de la garniture .
La « piqûre » de crin animal
Le tapissier vient alors fixer une seconde couche de crin – animal cette fois -à l’aide de nouveaux lacets. Cette couche supplémentaire de crin dessinera encore le bombé de la garniture, sa forme définitive et bien sûre apportera du confort supplémentaire.
Notez que la piqure de crin doit se faire en crin animal, qu’il soit brun ou blond. Ce dernier peut provenir se Suisse ou de Hollande mais plus de France, les dernières manufactures de crin françaises ayant fermé définitivement il y a quelques années.
Notre garniture d’assise est presque finie à présent… Il reste à emballer ce crin d’une toile blanche et appliquer une ouate avant de passer à la couverture
Mise en blanc
Le crin animal de la piqûre et ensuite emballé d’une toile de coton blanche bien tendue et fixée à l’aide de toute petites semences (3/3 onces) que l’on peut espacer de 2/3 cm d’écart sur les surfaces plates. Cette toile blanche permet d’emballer le crin animal, elle est fixée sur le milieu des traverses du siège.
Pose de la ouate
Puis une ouate, coton ou polyester est enfin posée sur la garniture avant d’entamer la couverture du fauteuil.
Une ouate naturelle (coto ou synthétique est posée avant le tissu
Pose du tissu et Finition
Il n »y a « plus qu’à » poser le tissu sans oublier les clous ou le galon de finition. Ici nous avons choisi des clous décoratifs gris anthracite pour s’intégrer sans se fondre avec le tissu et le bois du fauteuil.
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